Argent : les mots pour le dire

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Sauf mention contraire, la référence est le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : www.cnrtl.fr

Pourquoi existe-t-il autant de mots pour dire l’argent dans le langage courant, populaire, familier ou argotique ?

Peut-être parce que cette richesse du verbe vient compenser la gêne et le manque dans lesquels se débattent trop souvent ceux que les nantis appellent les pauvres, les petits, les gens de peu, ceux qu’ils traitent, au mieux, avec « charité » et condescendance.

A leurs maux d’argent, ils opposent tous ces bons mots d’argent que vous trouverez dans l’abécédaire qui suit, et dont nous vous invitons à vous régaler sans compter, en espérant que vous en éprouverez autant de plaisir que nous en avons eu à les collecter.

Si d’aventure vous en connaissez ou en découvrez quelques autres absents ici, faîtes-le nous savoir : nous nous empresserions de compléter cette liste encore loin d’être exhaustive !

APPOINT 

  1. Somme qui sert à solder un compte commercial (15e siècle). « Je suis trop heureux de pouvoir, à l’aide de cet appoint inattendu, solder intégralement les dettes de mon père… » (Feuillet O., Le Roman d’un jeune homme pauvre, 1858, p. 32)

Par extension (vieux) : le dû.

  1. Dans le langage courant. Complément d’une somme en petite monnaie. Faire l’appoint. Ajouter le complément en petite monnaie ; par extension payer exactement la somme due, en sorte que le bénéficiaire ne soit pas obligé de rendre la monnaie.

Familier. Gain qui s’ajoute aux ressources principales (on pourrait ici prendre pour exemple cette injustice qui veut qu’aujourd’hui encore (Si l’on voulait s’en convaincre, il suffirait de lire : Bachmann Laurence, De l’argent à soi. Les préoccupations sociales des femmes à travers leur rapport à l’argent, Presses Universitaires de Rennes.), dans certains couples, le salaire de Madame, même lorsque celle-ci participe à la même hauteur que son mari aux charges du ménage, est souvent considéré comme un revenu d’appoint…)

Au figuré. Aide complémentaire.

Par extension. Toute espèce de complément.

AUBERT 

Argent des malfaiteurs. Remonte au 15e siècle.

Origine : Viendrait probablement du latin albus « blanc », en référence à la couleur de l’argent. L. F. Céline emploie ce mot dans Mort à crédit.

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BALLES 

Argot. Synonyme de franc. (Employé par les frères de Goncourt) Expression : une plaisanterie à deux balles.

BIFFETON 

Argot. Remonte au 19e siècle. Sens :

  • Billet, lettre que les détenus échangent entre eux, ou dont est porteur un détenu sortant de prison.
  • Toute espèce de billet (théâtre, train, banque, etc.).

BIGAILLE

  1. Familier. Insecte ailé qui agace ou qui pique.
  2. Menu fretin (17e siècle) [le fretin est un nom collectif qui désigne les poissons de très petite taille que le pêcheur rejette habituellement à l’eau. En particulier le menu fretin. Morue de petite taille, de dernière qualité. Familier, par métaphore et au figuré. En parlant de personnes : gens de petite condition dont on fait peu de cas. En parlant de choses : ce qui est considéré comme négligeable ou comme étant de rebut. Origine (12e siècle) : « menus débris sans valeur », spécialement d’argent, de monnaie.]. Par analogie, argotique. Menue monnaie (20e siècle).

BILLE (1) 

  • Petite boule pleine, de matière dure.
  • Terme de jeux. Boule d’ivoire ou de matière synthétique, pour le jeu de billard.

Au figuré, argotique. Retirer ses billes. Rendre ses billes. Abandonner, se retirer d’une association en reprenant son argent.

  • Terme de jeux. Petite boule de pierre peinte ou de verre, servant aux jeux des enfants (on pourrait faire un lien entre les jeux de billes de l’enfance et les jeux d’argent)

Origine : « petite boule » exprime une chose de peu de valeur (12e siècle). « Boule de billard » ; par extension, argotique, « argent » (16e siècle).

BILLE (2) 

  • Portion de tronc d’arbre débitée à la scie et non équarrie.
  • Par analogie. Bille d’acier. Morceau d’acier carré tel qu’il sort de l’usine où il a été fabriqué.

Par extension, argotique. Argent, monnaie. Fausse bille, bille à l’estoque. Fausse monnaie. Voir billon.

BILLET

DROIT COMMERCIAL ET FINANCIER

  1. Ecrit sous seing privé portant la reconnaissance d’une dette. Escompter, négocier, souscrire un billet.
    1. Billet simple. Contrat unilatéral devant être obligatoirement écrit et signé de la main du débiteur.
    2. Billet à ordre. Ecrit par lequel le souscripteur s’engage à payer à une autre personne, ou à son ordre, une certaine somme d’argent, soit à vue, soit à une époque déterminée. Billet payable au porteur, à domicile, à vue.
  2. Billet de banque
    1. Billet émis par une banque qui était tenue à l’origine de rembourser en espèces, à vue et au porteur la somme inscrite sur le billet (cours légal)
    2. Moderne, en France. Billet émis exclusivement par la Banque de France ou la Banque Centrale Européenne et circulant comme papier-monnaie (cours forcé)
    3. Populaire, absol. Un billet, pour un billet de mille (anciens francs)

BILLON

FINANCES.

Vieilli.

  • Alliage de cuivre et d’une faible dose d’argent, dont est faite la monnaie du même nom.
  • Monnaie faite de cet alliage. Monnaie de billon. Antonyme de monnaie d’or ou d’argent.

Au 19e siècle, on distingue encore le haut billon, monnaie contenant autant de cuivre que d’argent, et le bas billon, monnaie contenant beaucoup de cuivre et peu d’argent.

  • Monnaie divisionnaire métallique, considérée comme défectueuse, dont la valeur réelle est toujours inférieure à la valeur officielle, et dont le pouvoir libérateur est limité. Avoir les poches chargées de billon.

Argotique, péjoratif. Menue monnaie ; familier, ferraille.

Ne s’emploie qu’au singulier.

  1. Par métonymie. Lieu réservé à la refonte des pièces de monnaie défectueuses. Mettre, envoyer au billon.
  2. Par métaphore. Tout ce qui, aux yeux de quelqu’un, est sans valeur, digne d’être rejeté. Être la monnaie de billon de quelqu’un ; porter, mettre quelque chose au billon. Synonyme mettre au rebut.

A donné le substantif « billonneur », vieux. Celui qui fait un trafic illégal de monnaie. Être un grand billonneur.

BLÉ 

Au sens figuré synonyme d’argent.

BRAISE

Vieilli. Eteindre de la braise. Dépenser de l’argent. Remonte au 18e siècle. On trouve aussi le verbe braiser. Dépenser de l’argent, payer.

Origine : L’utilisation du terme pour désigner l’argent pourrait venir du « charbon », considéré comme faisant bouillir la marmite.

BRIQUE

  • Par analogie d’apparence ; en parlant de monnaie de papier. Grosse liasse. Brique de billets de banque.
  • Dans le langage usuel, argotique ou familier désigne un million.

A noter qu’on trouve aussi dans le langage populaire, des expressions qui associent la brique à l’absence d’argent, la nécessité : manger des briques ; bouffer, croûter, se caler, s’envoyer des briques. Se passer de manger, n’avoir rien à manger, synonyme de se serrer la ceinture. On trouve aussi l’expression manger des briques (à la) sauce (aux) cailloux.

CAIRE 

Argot. Synonyme d’argent.

CLOPINETTES, CROPINETTES

Familier : rien. Peit-etre dérivé de clopes ; mégots (sans valeur). (cf. des clopes « rien »)

DOUILLE

Argot. Sens :

  • Avoir de la douille fraîche.
  • Par extension L.F. Céline l’emploie dans ce second sens dans Mort à crédit. A donné Douiller. Payer quelqu’un, quelque chose. (Quand on dit de quelqu’un qu’il va douiller, cela signifie qu’on a l’intention de la faire payer, au sens propre et/ou figuré ?)

On trouve aussi douillard, arde. Homme, femme riche. Synonyme de richard – on peut penser aussi à richou.

Pourrait venir de guindouilles. Sous.

FERRAILLE

Familier. Menue monnaie.

Origine : argot du 19e siècle.

FIFRELIN

  • Chose qui ne compte pas.
  • En particulier. Menue monnaie ayant peu de valeur. Se faire rincer jusqu’au dernier fifrelin. Blaise Cendrars l’emploie dans L’Or ; on le trouve aussi sous la plume de Courteline.

Synonyme de liard, sou.

On trouve l’expression : Cela ne vaut pas un fifrelin. Cela n’a aucune valeur, ne vaut pas un sou. Sont également attestées les expressions que fifre et pas un fifre « rien, que dalle ».

Viendrait du langage des marins. Serait emprunté à l’allemand Pfifferling « chanterelle, girole », également « objet sans valeur ».

FLÈCHE

(www.languefrancaise.net)

Sou, pièce de cinq centimes. Ne pas avoir, être sans une flèche.

FLOUZE/FLOUSE

Argot. Argent. Amène le flouze, être plein de flouze. Synonyme de fric, pèze, pognon, grisbi. On le trouve une nouvelle fois sous la plume de L.F. Céline dans Mort à crédit.

Origine : l’argot marseillais felous « gros sous » ; l’argot des lycéens de Bône flou(s)se « argent » ; emprunté à l’arabe magrébin flus, à l’arabe classique ful’s, nom d’une ancienne monnaie arabe de bronze, de cuivre ou d’argent. Mot déjà connu par des récits de voyageurs au 16e siècle : flux « argent ».

FRAÎCHE :

Argotique. Argent monnayé.

FRIC

Populaire. Argent. Encore une fois sous la plume de Céline dans Mort à crédit.

ÊTRE FRIQUÉ

Avoir de l’argent.

Origine : serait peut-être une abréviation de fricot « bombance, régal », d’où l’idée d’argent nécessaire à ces festivités.

FRUSQUIN 

Populaire. Argent, effets, biens que possède une personne. Dans une forme plus moderne on utilise saint-frusquin : boire, manger tout son saint-frusquin. Dépenser (tout) son bien. On trouve ces expressions sous les plumes de Flaubert et Zola.

Par extension [à la fin d’une énumération] Et (tout) le saint-frusquin. Et (tout) le reste.

Origine : au 17e siècle frusquin « habit, hardes », au 18e « bien, avoir ».

GALETTE

Au figuré, populaire. Argent.

GALETTEUX, -EUSE

Adjectif populaire :

  • Qui a beaucoup d’argent. On le trouve dans ce sens sous la plume de Queneau, par exemple.
  • Prospère. A l’époque la plus galetteuse de ma vie.

GALETTARD, -DE,

Adjectif populaire. Synonyme de galetteux.

Origine : dans l’argot du 19e siècle, mangeur de galette, « homme vénal qui reçoit de l’argent pour trahir ses devoirs », d’où galette « argent ».

GRISBI 

Argot. Synonyme populaire fric, galette, pèze, pognon. On peut penser, bien sûr, au film de Jacques Becker Touchez pas au grisbi, adapté du roman éponyme d’Albert Simonin.

Origine : au 19e siècle grisbis « argent », mot composé du radical de griset, au sens de « pièce de six liards », dérivé de gris, en raison de la couleur (Voir aussi grisette « monnaie ») et d’une seconde partie, -bi, à l’origine plus obscure.

GRISETTES

(www.wikipedia.org)

  • Les grisettes de Montpellier font partie des plus vieux bonbons de France. Elles ont la forme de petites billes noires saupoudrées de sucre blanc. D’après la légende, au 12e siècle, les commerçants du quartier de Notre-Dame-des-Tables les utilisaient comme monnaie d’échange, pour faire l’appoint lors des transactions avec les nombreux pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compostelle par le Camin Roumieu.
  • Au 19e désignent les « petites mains » couturières, qui valurent ce surnom aux demoiselles de la ville et, plus largement, aux ouvrières jeunes et coquettes.

HAIRGUE 

Argot. Synonyme d’argent.

HUILE 

On relève son emploi argotique et vieux au sens de « argent » (19e et début 20e siècle). Par ailleurs, et ceci expliquant peut-être cela, le mot dans certains de ses sens est associé au gain, à la richesse, au prestige :

  • Tirer de l’huile d’un caillou, d’un mur (vieilli). Tirer un gain (de quelque chose ou de quelqu’un) là où cela semble impossible.
  • Jeter de l’huile : être vêtu avec recherche.
  • Populaire et familier. Personnage important, haut placé, influent. (en argot militaire désigne un officier supérieur.)

Être, nager dans, parmi les huiles. Fréquenter des gens importants, être un personnage haut placé.

JONC

  • Bague en or sans chaton ou bracelet dont le cercle est à surface convexe et partout de même grosseur.
  • Or et par extension, somme d’argent.

LIARD

  • Petite monnaie de bronze valant le quart d’un sou, qui a eu cours en France du 14e au 18e siècle.
  • Par extension. Synonyme vieilli de sou.
    • Unité de valeur minimale.

N’avoir pas un (rouge) liard, n’avoir pas le liard, être sans un liard. Être sans argent, très pauvre. (On trouve l’expression chez Balzac)

Couper un liard en deux (en quatre). Chipoter pour une faible somme d’argent, liarder. (On trouve cette expression chez Zola)

Se faire fesser pour un liard. Être excessivement avare.

  • [Avec disparition presque totale de l’idée d’argent]

Un, deux liards de. Une très petite quantité de.

Origine : l’hypothèse couramment avancée est celle d’une substantivation de l’adjectif liart « de couleur grisâtre » en ancien français.

MAILLE

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Maille_(monnaie))

Synonyme d’obole.

Origine : il s’agit d’une pièce de monnaie apparue en France au 12e siècle et valant un demi-denier, soit la plus petite valeur représentée matériellement.

En raison de sa faible valeur, elle a laissé sa trace dans l’expression « avoir maille à partir avec quelqu’un », partir étant pris ici dans son sens originel de partager, ce qui s’avérait impossible avec une telle pièce. Elle s’emploie lors de disputes mesquines pour un différend impossible à trancher….

On la retrouve aussi dans l’expression « n’avoir ni sou ni maille », ou dans le mot « cache-maille », synonyme de tirelire, formes devenues cependant d’un usage moins courant.

MICHON

 Tranche épaisse de pain. En vieil argot : argent : il est intéressant de noter le lien qui est fait ici entre le pain et l’argent, c’est de subsistance dont il est question. Au 17e siècle, le michon est le petit pain de grosseur suffisante pour nourrir un homme à un repas. Dès lors, l’argent pourrait être vu comme ce qui permet à l’homme de manger à sa faim, de satisfaire ses besoins fondamentaux.

MITRAILLE 

Populaire et familier. Menue monnaie ; monnaie de billon. Synonyme familier de ferraille.

Origine : au début du 18e siècle, dans le langage populaire, « menue monnaie de cuivre ». Altération de l’ancien français mitaille attesté au sens de « petite monnaie » au 14e siècle, lui-même dérivé, à l’aide du suffixe -aille, de l’ancien français mite « monnaie de cuivre de Flandre » au 13e siècle.

OBOLE

  • [Dans le Grèce antique] Unité monétaire valant un sixième de la drachme ; pièce de monnaie de cette valeur.

Par analogie. [Au Moyen Age en France] Unité monétaire valant la moitié d’un denier tournois ou la vingt-quatrième partie d’un sou ; pièce de monnaie de cette valeur.

Par extension, vieilli. Très petite somme d’argent. Ne pas posséder une obole ; ne pas avoir une obole de revenu.

  • Don, présent de très peu de valeur, de très peu d’importance, qui constitue une modeste contribution (à une œuvre, une souscription, etc.). Donner, verser son obole.

[Par allusion à Marc 12, 41-44 et à Luc 21, 1-4] L’obole de la veuve, l’obole du pauvre. Don, présent, ayant apparemment très peu de valeur.

OS 

Argotique, populaire. (19e siècle)

  • Chose sans valeur.

Refiler un os. « Vendre une chose ou un objet n’ayant aucune valeur »

  • « J’ai de l’os ». (On notera avec intérêt le lien qui est fait ici entre l’argent et le squelette, ce qui supporte le corps de l’homme…)

Ça vaut l’os. « Ça vaut la peine » ; « Ce n’est pas banal, il faut se le payer ».

On retiendra aussi l’expression suivante : Jeter un os (à ronger) à quelqu’un. Donner à quelqu’un un petit profit pour le satisfaire momentanément.

OSEILLE 

Argotique, populaire (19e siècle). Argent monnayé, billet de banque. Avoir de l’oseille ; faire son oseille ; piquer l’oseille. (Encore une fois, on le trouve sous la plume de L.F. Céline dans Mort à crédit… S’agissant de l’argent, voilà décidemment un livre qu’il faudrait relire, au moins pour sa richesse langagière !)

Le rapport entre l’oseille et la notion d’argent semble ancien ; on le trouve déjà au 16e siècle.

OSIER 

Argotique. Argent.

Origine : incertaine. Possible rapprochement d’osier de os « argent » et de jonc « or (métal) », ce dernier servant également en vannerie.

PACTOLE 

Source abondante de richesse et de profit.

Origine : du nom d’une rivière de Lydie, affluent de l’Hermos (latin Pactolus, grec πακτωλος), qui selon la légende, roulait des sables d’or et est devenue, pour cette raison, symbole de richesse. (On pensera, bien entendu, à l’expression : « Il a touché le pactole ! »)

PASCAL

(www.wikipedia.org)

C’était le nom du billet de 500 francs Pascal (car Blaise Pascal y figurait), créé le 4 janvier 1968 et émis le 7 janvier 1969, en remplacement du 500 francs Molière.

Anecdote : c’est un pascal que, le 11 mars 1984, le chanteur Serge Gainsbourg enflamma sur le plateau de l’émission télévisée Sept sur sept. Il n’éteignit la flamme que lorsqu’ il ne resta plus qu’un quart du billet, voulant ainsi montrer ce qui lui restait après impôt…

PATARD

  1. Ancienne monnaie d’argent de billon, de faible valeur, frappée depuis le 15e siècle aux Pays-Bas, en Belgique et dans le nord de la France.
  2. Pièce de monnaie des Papes d’Avignon, valant un double ; ancienne monnaie de faible valeur en Provence, à partir de Louis XI.

Par extension, vieux et populaire, familier.

  1. Gros sou double, pièce de deux sous au 19e siècle.
  2. Sou, centime, menue monnaie ; très petite somme.

PATATE

(https://mag-fr.n26.com/du-flouze-du-bl%C3%A9-ou-des-patates-64a8e298ed0f)

Origine : Le mot patate désigne la pomme de terre, un féculent récent, importé en Europe à partir du XVIe siècle et qui a longtemps servi de monnaie d’échange dans les campagnes.

En argot, une « patate », c’était autrefois une somme d’argent d’un million de centimes (et c’est peut-être encore aujourd’hui un million d’euros ?)

PÉCULE

ANTIQUITE ROMAINE

  1. Economies en argent faites par une personne dépendant du paterfamilias, notamment par un esclave, qui pouvait s’en servir pour le rachat de sa liberté.
  2. Par analogie:
    • Somme d’argent généralement peu importante, et économisée petit à petit. Léger, modeste, modique pécule ; se constituer, se faire un petit pécule ; toucher à, disposer de son pécule.
    • En particulier. Somme d’argent, capital acquis par le travail d’une personne en dépendance d’autrui, mais dont elle ne peut disposer que dans certaines conditions. Pécule d’un aliéné interné ; toucher son pécule ; pécule de base, complémentaire.

Spécialement :

  • DROIT PENAL. Partie de la rémunération d’un délinquant détenu qui lui est remise au moment de sa libération. Pécule de réserve, pécule disponible d’un détenu.
  • DROIT CIVIL et ADMINISTRATIF. Réserve pécuniaire constituée, sur le produit de son travail et de ses économies, au profit d’un enfant mineur, plus spécialement d’un pupille, par celui qui est légalement chargé de sa garde et de son éducation.
  • ADMINISTRATION MILITAIRE. Somme versée, au moment de leur libération, aux hommes de troupe engagés, rengagés ou commissionnés qui, quittant l’armée, sans avoir droit à une retraite, remplissent certaines conditions fixées par la loi.

Origine : Emprunté au latin speculium « petit bien amassé par l’esclave » d’où « argent amassé ».

PÉCUNE 

Vieilli. Argent comptant. Disette de pécune ; faute de pécune.

Parfois employé au masculin (chez Flaubert, par exemple, ou encore Huysmans), probablement par confusion avec pécule.

Origine : emprunté au latin pecunia « avoir en bétail », d’où « fortune qui résulte du bétail », d’où « fortune, richesse », dérive de pecus « troupeau, bétail ».

PÉLAUD, PÉLOT 

Populaire, vieilli. Sou. Au pluriel : Somme d’argent ; argent.

PÉPÈTES, PÉPETTES 

Populaire. Argent. Synonyme picaillons. Avoir des pépètes, beaucoup de pépètes.

Origine : incertaine. Pourrait être issu du dialecte  Soupette, soupe (Poitou, Cancale, Provence) « galet plat » servant à faire des pépettes « ricochets sur l’eau », même transfert de sens que dans palet (pélot) par analogie de forme avec une pièce.

PÈZE

Argotique et populaire. Argent. Synonyme familier fric, argotique et populaire blé, flouze, galette, grisbi, pognon. Avoir, faire, gagner du pèze.

Origine : incertaine. Pourrait dériver de peser, en raison du poids de la monnaie, venir de l’occitan pese, peze, « poids ».

ÊTRE AU PÈZE

(Début 20e siècle) : Être riche, avoir beaucoup d’argent. (On trouve l’expression sous la plume d’Aragon).

PICAILLE/PICAILLONS

Populaire et familier, généralement au pluriel. Pièce de monnaie ; par métonymie, argent. Synonyme familier sou. Avoir des picaillons, n’avoir plus un picaillon.

Origine : Noïaux, Cresson, Poussier, Moruë, Picaillons, etc. sont tous synonymes en langage des Halles. Picaillon, qui désigne une petite monnaie frappée en Savoie en 1635 et dévalorisée à partir de 1636, s’est appliqué par dépréciation, à l’argent en général. Ce mot est probablement à rattacher à l’ancien provençal piquar « convoquer à son de cloche », du latin populaire pikkare, v. piquer, ses pièces de monnaies produisant un tintement lorsqu’elles s’entrechoquent.

PLAQUE

NUMISMATIQUE. Ancienne monnaie d’argent de Flandre et de France. Plaque : pièce de cent francsElle est plus grande que les autres. Repris dans le langage argotique.

POGNON

Populaire. Argent ; argent monnayé, argent qui circule ; argent abondant. Synonyme fric. Faire danser, faire rentrer le pognon ; garder, lâcher, toucher son pognon ; filer du pognon à quelqu’un.

Loc. populaire. Être plein de pognon. Avoir du pognon plein les poches.

Variante orthographique : Poignon sur le modèle de poignée. Dérivé à l’aide du suffixe -on du verbe populaire poigner « prendre, saisir avec la main », v. pogner.

PUILLE

(www.languefrancaise.net)

Argot. Synonyme d’argent.

QUIBUS 

Vieilli, familier, plaisanterie. Argent, fortune (on le trouve sous la plume de Victor Hugo dans Les Misérables.)

Origine : mot latin quibus, ablatif pluriel du relatif qui, au sens de « au moyen desquelles choses », employé par plaisanterie dans les milieux parlant latin au même sens que le français avoir de quoi.

RADIS

(19ème siècle) : argotique, populaire. Sou. Synonyme populaire rond, rotin.

N’avoir plus un radis en poche.

Origine : est dû à l’infl. de rond « sou » et des noms de petits fruits et légumes désignant des choses de peu de valeur (cf. entre autres navet et nèfle)

ROND

Populaire. Sou. Pièce de dix, de vingt ronds.

Par extension, au pluriel. Argent.

Expressions :

  • N’avoir pas le rond/plus le rond/pas un rond. Être démuni d’argent.
  • Pour pas un rond. Gratuitement. S’en mettre plein la gueule pour pas un rond.

ROTIN 

Populaire. [Le plus souvent employé dans des phrases négatives] Sou (on trouve ce terme sous la plume d’André Gide.)

Origine : obscure. On l’a déjà rapproché de rondin, diminutif de rond « sou », mais on remarquera aussi qu’il s’inscrit dans une série de mots du champ sémantique de l’argent, désignant des plantes utilisées en vannerie (jonc, osier).

SAC

Populaire. Somme d’argent importante ; fortune, richesse.

Argotique, populaire. Avoir le sac. Être riche.

Billet, somme de mille francs.

Familier. Sac d’écus (vieilli), sac. Personne fortunée, riche. Se marier, épouser le (gros) sac. Faire un riche mariage, se marier avec quelqu’un de fortuné.

SOLDE

  • Somme d’argent versée à un militaire ou à une troupe (par un État, un gouvernement ou un prince.)
  • Locution verbale, péjoratif. (Être) à la solde de quelqu’un. (Être) acheté par quelqu’un pour être dévoué à ses intérêts ou sa cause. Synonyme. (être) dépendant de ; (être) vendu à quelqu’un.

[Par métonymie] Être à la solde de quelque chose.

Avoir, tenir quelqu’un à sa solde. Rétribuer quelqu’un ; exercer une pression ou un ascendant sur quelqu’un pour le tenir au service de ses intérêts ou de sa cause.

  • Traitement versé aux militaires ou à certains fonctionnaires civils assimilés. Percevoir, recevoir, déléguer sa solde ; solde du matelot, du soldat ; solde mensuelle.

Demi-solde.

Service de la solde. Service de l’intendance chargé des traitements des militaires.

Solde budgétaire. Partie du traitement d’un militaire correspondant à l’indice du grade.

Solde à l’air. Indemnité supplémentaire versée aux aviateurs et parachutistes pour des missions en vol.

Congé avec/sans solde. Congé avec ou sans traitement.

  • Par extension. Rétribution d’un salarié. Synonyme paye, salaire.

Origine : soulde « paie versée aux militaires » (15e siècle). Emprunté, avec adaptation au genre du synonyme soldée, à l’italien soldo « paie, salaire du militaire »

SOU

HISTOIRE, NUMISMATIQUE.

  • Ancienne unité monétaire, de valeur variable selon les pays et les époques.
  • Par métonymie. Pièce de monnaie correspondant à cette unité monétaire, à l’origine d’or puis d’argent, enfin de métal, et valant en France un vingtième de l’ancienne livre, soit douze deniers. Synonyme vieux sol.

Sou tournois. Au Moyen Age, pièce de métal précieux valant douze deniers. Sou parisis. Pièce de métal précieux valant quinze deniers.

Sou marqué. Pièce de cuivre valant quinze deniers.

Locution verbale figurée, populaire, vieux. Faire de cent sous quatre livres et de quatre livres rien. Gaspiller son temps.

  • [En France, depuis l’adoption du système décimal, à la Révolution, jusqu’en mars 1947 où les pièces de monnaie de cette valeur ont été retirées de la circulation] Unité monétaire minimale valant un vingtième de l’ancien franc (antérieur au premier janvier 1960), soit cinq centimes. Synonyme populaire rond. Pièce, billet de cent sous ; pièce de dix sous, de vingt sous, de quarante sous ; pain d’un sou, de deux sous ; (x) sous de pourboire ; gagner, payer (x) sous par jour ; donner (x) sous à quelqu’un.

Argotique, populaire. Pièce de dix sous.

Locution verbale, populaire, familière. Valoir (x francs) comme un sou. Valoir largement, amplement (cette somme).

S’ennuyer, s’embêter à cent sous de l’heure.

[Avec une valeur d’intérêt, de taux]

Droit, au sou la livre. Synonyme au marc le franc.

Sou du franc. Ancienne coutume consistant en la remise d’un sou par franc d’achat, consentie par les commerçants aux économes, aux domestiques chargés des achats de nourriture. (On en trouve l’évocation chez Proust)

Le sou pour livre, par livre (vieux).

Sous de poche (vieux). Argent de poche.

Région. (Canada). Sou (noir). Unité monétaire valant un centième de l’ancienne piastre ou du dollar.

  • Par métonymie. Pièce de monnaie de métal vil correspondant à cette unité monétaire et valant cinq centimes anciens.

Petit sou. Pièce de cinq centimes anciens.

Gros sou. Pièce de dix centimes anciens. Synonyme décime, patard (vieux, populaire, familier)

Locution. Être propre, net, luisant comme un sou neuf, comme un sou (vieilli) ; briller comme un sou neuf.

  • Par extension. Pièce de monnaie quelconque.

Vieux ou région. (Québec). Sou blanc. Pièce d’argent.

JEUX. Appareils à sous. Machine à sous.

  • Par métonymie.

Dans des locutions et expressions.

[Pour exprimer une somme modique ou la plus petite unité monétaire en avoir, en espèces] Jusqu’au dernier sou ; à un sou près.

Loc. adv. Sou par sou, sou à sou. Par toutes petites sommes.

Proverbe. Un sou est un sou. Il ne faut pas gaspiller l’argent, même pour de toutes petites sommes.

Les quatre sous (de quelqu’un). Le peu d’argent (que possède quelqu’un). Il a mangé ses quatre sous.

[Dans une phrase négative, pour exprimer une absence totale d’argent, de ressources]

Pas un sou. Pas la moindre somme d’argent. Vieilli. N’avoir ni sou ni maille ; (être) sans sou ni maille.

N’avoir pas un sou (vaillant, comptant) (vieux). N’avoir pas d’argent du tout. Locution verbale synonyme n’avoir pas un denier, pas un écu, pas un liard.

N’avoir pas le (premier) sou (de/pour quelque chose) (familier). N’avoir pas la moindre somme d’argent pour financer un projet.

N’avoir pas le sou ; être sans le sou. Être complètement dépourvu d’argent.

Loc. adj. Sans le sou. Sans argent. Empl. subst. Sans le sou. Personne sans argent.

Loc. [Avec un adj. numéral cardinal tel que un, deux, quatre, pour exprimer une valeur insignifiante]

Loc. adj. D’un sou, de deux sous, de quatre sous. De très faible valeur ou de valeur nulle.

Être fichu comme quatre sous. Être très mal habillé.

Avoir pour (deux) sous de quelque chose. Avoir une très petite quantité de quelque chose.

Loc. verb. fig., fam. [Pour exprimer une négation complète]

N’avoir pas un sou de. N’avoir pas du tout de.

Ne pas valoir un sou, deux sous. Ne pas valoir grand-chose.

N’avoir pas un sou de, pas deux sous de (suivi d’un subst. abstr. désignant souvent une qualité). Être totalement dépourvu de. N’avoir pas un sou de bon sens, de malice, de talent, de jugeote.

Je ne donnerais pas un sou de, pas deux sous de ses chances, de sa vie. Son succès, sa vie sont bien compromis.

[Avec un adj.] Pas pour deux sous, un sou. Pas du tout.

Au pluriel, familier. Avoir, richesse, argent en espèces dont dispose quelqu’un. Avoir des sous, gagner des sous.

Loc. verb. fig. Être près de ses sous. Synonyme être près de ses pièces.

Gros sous. [En fonction de compl. Déterminatif ou de compl. d’objet indirect indiquant l’objet de la conversation] Argent, intérêt, finances. Des histoires, des questions de gros sous.

Sans-le-sou ; grippe-sou.

Ronge-sous.

Demi-sou. Unité monétaire valant la moitié d’un sou de cinq centimes anciens.

Trente-sous (Canada). Pièce de vingt-cinq cents.

Sol, synonyme, vieux. Au fig. Petite quantité.

Origine : du latin solidus « massif, entier »

TALBIN 

Argotique. Billet de banque. Synonyme biffeton. Liasse de talbins.

Origine : incertaine. Pourrait dériver de tailler.

TRÈFLE

Argot. Argent. Avoir du trèfle. (19e siècle).

THUNE, TUNE 

Argotique, populaire, vieilli. Pièce (ou somme) de cinq francs.

Par extension. (Petite) somme d’argent. De la thune ; ne plus avoir une thune en poche.

Sans une thune. Synonyme sans un sou.

Origine : thune « aumône »

VIATIQUE

  • Argent ou provisions de route donnés à quelqu’un, notamment à un religieux, pour voyager (17e siècle).
  • Par extension. Argent, provisions que l’on emporte pour voyager.
  • Argot des joueurs. Somme remise par le Casino de Monte-Carlo aux joueurs ayant perdu tout ce qu’ils possédaient, afin de leur permettre de quitter la Principauté et de regagner leur domicile.

Spécialement.

  • ANTIQUITE GRECQUE. Pièce de monnaie (une obole) que l’on mettait dans la bouche des morts pour payer à Charon leur passage du Styx, à partir du 6e siècle avant J.-C.
  • RELIGION CATHOLIQUE. Sacrement de l’eucharistie administré à un mourant. Administrer, apporter, donner le viatique à un malade, à un mourant ; recevoir le viatique, le saint viatique.
  • Aide, secours, soutien.

Origine : emprunté au latin viaticum « provisions de voyage ; argent pour le voyage »

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Argent : les mots pour le dire

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