La racine indo-européenne de « posséder » est sed– « être assis ». Racine latine sedere, « être assis, siéger » et « rester inactif. »
« Posséder » est la traduction de l’expression latine possum sedere, « je peux m’asseoir. »

Commentaires 

• Être assis, siéger, semblent être le privilège des puissants : l’un des symboles forts du pouvoir est au premier chef le trône sur lequel le souverain pose l’auguste partie charnue de son corps et d’où il domine ses sujets et reçoit l’expression de leur soumission.
  On dit de ceux qui délibèrent dans les instances du parlement qu’ils y « siègent ».
  L’Église catholique représentée par le pape et la curie romaine du Vatican est pour sa part désignée par l’expression étonnante de « saint-siège ». Elle se désigne donc elle-même à travers le siège sur lequel « trône » le pape, symbole de sa puissance !

• Pour les gens plus modestes, et notamment ceux du peuple, il existe une différence énorme entre :
  • Ceux qui possèdent leur logement, ou qui peuvent au moins en louer un de façon durable, état qu’on peut assimiler à une possession temporaire ;
  • Ceux qui n’ont pas cette sécurité minimale.

Les premiers ont la possibilité de s’asseoir dans leur logement en toute sécurité en disant :  possum sedere, « je peux m’asseoir, je suis chez moi, je suis en sécurité matérielle et donc psychique, personne ne peut m’en déloger ! ». Les seconds n’ont malheureusement aucun lieu de sécurité en propre, ce sont des errants, des personnes en état de précarité.

• On peut dire tout le mal qu’on pense de la possession et notamment, comme Marx, que les possédants peuvent devenir eux-mêmes possédés par leurs possessions. Il n’empêche : pour mener une bonne vie, les humains semblent avoir besoin de posséder certains biens qui leur apporteront un minimum de sécurité matérielle et psychique tels qu’un logement, un lit, des meubles, des vêtements, des objets ménagers, des moyens de déplacement, etc.
  Comment une personne ou une famille démunie de tout pourrait-elle mener une vie digne ?  Être dépossédé de tout bien matériel, ce serait être comme un corps condamné à vivre nu, hiver comme été… Insoutenable !