Apprivoisons l’argent

Un mot d’argent : crédit

Définition : du latin credere « croire »

• Confiance ou influence dont jouit une personne ou un objet ;
• Confiance dans la solvabilité de quelqu’un ;
• Opération par laquelle une personne met une somme d’argent à la disposition d’une autre ; montant de cette somme ;
• Partie d’un compte où sont inscrites les sommes remises ou payées à la personne qui tient le compte ; ex. je vire une somme d’argent au crédit de votre compte bancaire (dans ce cas, on dit : votre compte est crédité par votre banque) ;
• À crédit ; faire crédit à quelqu’un : sans exiger de paiement immédiat.

 Commentaires

• On fait souvent de « joyeuses » confusions (Pas si joyeuses que cela, d’ailleurs !) entre les mots crédit, créance, prêt et Pour faire simple et au sens strict, nous devrions dire :
  • La banque m’a prêté de l’argent = elle m’a accordé un prêt = elle m’a fait crédit = elle m’a fait confiance ;
  • Elle détient donc une créance sur moi, c’est-à-dire un droit à se faire rembourser la somme d’argent qu’elle m’a prêté ;
  • Ayant reçu un prêt, je suis devenu le débiteur de la banque, et j’ai envers elle une dette, que je me suis engagé à lui rembourser.
• A côté du langage clair ci-dessus, on entend souvent dire : « j’ai obtenu un crédit à la banque » – on devrait dire : « j’ai obtenu un prêt de la banque » et « la banque m’a fait crédit», etc.
  Il y a là une sorte de glissement de sens qui tend à transformer dans notre inconscient les dettes en crédits, c’est-à-dire du douloureux ou du négatif en autre chose apparemment plus positif ou plus joyeux.
• Si, consciemment ou non, la banque entretient une telle confusion, elle ne vous rend pas service. Dans ce cas, vous pouvez lui demander pourquoi elle le fait !

Une notion de base de la gestion du budget : le découvert autorisé

• Lorsque vous ouvrez un compte dans une banque, votre nouveau chargé de clientèle vous propose le plus souvent de vous attribuer une autorisation de découvert pour un montant qui peut être de l’ordre d’un demi mois à un mois de ressources.
• Il vous présente parfois ce découvert autorisé comme une facilité de caisse: en cas de manque d’argent en fin de mois, dit-il, le découvert autorisé vous permet de « rester dans les clous » à moindre frais ! Qui se méfierait d’un conseil aussi banal et de bon sens ?
• A moindre frais ? Pas sûr ! Dès que votre compte est débiteur, la banque vous prélève des intérêts, qu’on appelle des agios. Si le solde de votre compte reste durablement près du plafond qui vous a été autorisé, il peut « crever » celui-ci ; dans ce cas, la banque vous prélève en plus des pénalités qu’elle appelle « frais d’incidents bancaires » ou « frais d’intervention » pour des montants qui, en fin d’année, peuvent se révéler importants !
• Pire : si cette situation de dépassement a tendance à persister, votre conseiller financier devra vous proposer un prêt de redressement pour que le solde de votre compte redevienne régulièrement positif :
  • Il doit en principe vous proposer un crédit amortissable, dont le montant du capital restant dû diminue à chaque mensualité de remboursement, et finira par atteindre zéro : plus rien à rembourser !
  • Mais il vous propose parfois un prêt renouvelable (dit autrefois crédit revolving et, pour les mauvaises langues, crédit revolver), qui est à la fois à taux très élevé et parfois sans fin, puisque votre capacité à l’utiliser se reconstitue à chaque remboursement mensuel.

Bref : pour les personnes financièrement fragiles, le découvert autorisé est un prêt toxique et un faux ami qui peut vous pousser sur la pente très dangereuse du surendettement !

Que faire ? D’abord prendre une décision radicale : faire des économies pour garder le solde de votre compte créditeur aussi positif que possible ; puis demander à votre chargé de clientèle de diminuer progressivement votre découvert autorisé jusqu’à le supprimer complètement, par exemple en 12 mois : c’est souvent suffisant pour ne plus en avoir besoin, en participant par exemple aux ateliers gratuits Gérer son budget animés par l’Université populaire de l’argent 😀

Une maxime : teste la moralité de ton interlocuteur

Elle fait partie des 147 maximes delphiques qui, dans la Grèce ancienne, étaient des paroles de sagesse censées être inspirées par le dieu Apollon (source Wikipedia).

• Dans notre monde contemporain, presque tout le monde court après l’argent, certains pour simplement survivre, d’autres pour vivre de façon confortable, d’autres enfin pour tenter de s’enrichir à l’infini ;
• Le monde de l’argent est souvent violent. Et les multiples lois édictées par le législateur pour y rétablir le droit ne parviennent pas toujours à protéger les plus faibles des pièges que leur tendent les agents économiques les plus « voraces » ;
• Ceux-ci n’hésitent pas à transgresser l’obligation d’équité et la loi dans leurs échanges financiers avec leurs proches, leurs clients, leurs fournisseurs, l’État, etc. ;
• Parmi d’autres, certaines banques peuvent être tentées de faire passer leur intérêt financier avant les vôtres : n’oubliez donc pas cette maxime delphique n° 54 : teste la moralité de ton interlocuteur…. Celle-ci rejoint d’ailleurs à s’y méprendre la devise que le philosophe Spinoza avait adoptée pour lui-même : caute, mot latin qui signifie « sois prudent » ou encore, plus grossièrement, « fais gaffe » !

Un mot d’argent : tirelire

Définition

• Petit récipient percé d’une fente par où on introduit les pièces de monnaie ➡ cagnotte, caisse. Casser sa tirelire, pour avoir ses pièces de monnaie ; pour dépenser toutes ses économies.
• Familier et vieilli : estomac, ventre, tête. Il a reçu un coup sur la tirelire (dictionnaire Robert).
• Origine (13ème s.) : tire-lire, refrain de chansons ou onomatopée désignant le chant de l’alouette, peut-être à cause du bruit que font les pièces de monnaie en tombant dans ce récipient.

Commentaires

• La tirelire est souvent la première éducatrice des enfants au regard de cet objet central qui est d’abord une affaire d’adultes : l’argent.
• Jusqu’à l’apparition de la tirelire, le jeune enfant ne « possédait » en propre que ses parents : sa mère, son père, ses frère.s et/ou ses sœur.s, ses vêtements, ses jouets, son doudou. Il possède désormais sa tirelire et les pièces qu’il y a mises : une autre vie commence !
• Il n’expérimentera que plus tard, en devenant adulte et sans toujours en avoir conscience, que l’argent deviendra progressivement son nouveau doudou…
• La tirelire est un magnifique outil pédagogique pour apprendre à l’enfant à épargner…
• Il lui reste à découvrir, de ses parents ou de la vie, que le plus important avec l’argent est de le dépenser avec prudence, et surtout de l’affecter à des projets de vie (études, métier, vie familiale, artistique, d’entraide, etc.) qui lui apporteront le plus de satisfactions et d’épanouissement.

Une notion de base de la gestion du budget : l’argent flux et l’argent stock

De même que l’eau peut se manifester sous trois états différents : liquide, solide (la glace), gazeux (la vapeur d’eau), l’argent peut prendre deux formes différentes :

• « L’argent-flux », celui qui circule chaque mois dans notre budget mensuel : il rentre « sous différentes formes (salaire, retraite, indemnités de chômage, honoraires, appointements, rémunération) que nous appelons ressources ; et il en ressort sous la forme de nos dépenses, à la fois nos dépenses contraintes et nos dépenses courantes ; tel le furet de la chanson, il court il court, il rentre il sort, il « remplit la bassine » de notre compte bancaire chaque mois et la vide avec la même régularité implacable !
• « L’argent-stock » est composé :
  1. de l’actif de notre patrimoine, c’est à dire la valeur en euros de tout ce que nous possédons de manière relativement stable (notre logement parfois, notre argent investi ou placé à la banque sur un compte d’épargne, nos vêtements, nos équipements électroménagers, nos véhicules, etc.
  2. de notre passif, qui est le total restant dû sur toutes nos dettes, que nous devons soustraire de notre actif.

Avec l’argent-flux, l’enjeu mois après mois est de limiter les dépenses au montant des ressources ;

Avec l’argent-stock, il est de tenir les actifs durablement supérieurs aux dettes en cours, et de constituer une épargne de précaution pour faire face aux potentiels accidents de la vie…

Une maxime : connais-toi toi-même

Les maximes delphiques (au nombre de 147) étaient dans la Grèce ancienne des paroles de sagesses censées inspirées du dieu Appolon (source. Wikipedia).

Il y a 25 siècles, Freud n’avait pas encore commencé sa révolution de l’inconscient, et la maxime Connais-toi toi-même avait un tout autre sens que celui qu’il a pris aujourd’hui. Elle signifiait pour l’essentiel : connais et respecte tes limites. Elle invitait les Grecs anciens à se protéger contre la tentation de ce qu’ils appelaient l’hubris, c’est à dire la démesure.

Gérer son budget, c’est se donner les moyens de connaître ses propres limites financières :

• en faisant la clarté sur ses ressources et ses dépenses et sur le montant de ses réserves financières qui constituent la limite des dépenses à ne pas dépasser ;
• en connaissant mieux ses propres forces et ses faiblesses psychiques pour résister à la tentation de « péter les plombs » avec l’argent ;
• en n’hésitant pas, si besoin était, à se faire accompagner dans ce domaine : l’Université populaire de l’argent est là, le cas échéant, pour vous y aider… 😀