La situation financière d’une personne ou d’un couple se mesure par la composition et la valeur financière de son patrimoine, et par l’état – excédentaire, équilibré ou déficitaire – de son budget. Il convient d’y ajouter la motivation et les compétences de cette personne ou de ce couple à gérer attentivement sa situation financière. On trouvera ici les principaux arguments qui justifient la nécessité de bien connaître l’état de sa situation financière et les principaux critères qui permettent de l’évaluer.
Définitions
- Au sens strictement comptable, la situation financière d’une personne ou d’une famille se mesure par l’état de son budget et par la valeur de son patrimoine :
Situation financière = budget + patrimoine.
- Budget
Selon le dictionnaire, le budget est l’état prévisionnel et limitatif des ressources et des dépenses d’un particulier ou d’une famille (ou encore d’un État ou d’une organisation) pour une période donnée.
Par extension, le budget est la somme dont on dispose pour une dépense déterminée (ex. le budget alimentation, le budget transports.)
Dans ce document, nous définissons notre budget comme l’état de l’ensemble de nos ressources et de nos dépenses courantes pendant une période donnée, qui est le plus souvent le mois, mais qui peut être également le trimestre ou l’année.
Le budget est l’argent qui rentre et qui sort quasi en permanence pendant chaque période. On dit que cet argent circule comme un flux.
Le budget est :- Équilibré si les ressources régulières (ou courantes) R sont égales aux dépenses régulières D ;
- Excédentaire si les ressources régulières R sont supérieures aux dépenses régulières D : le solde budgétaire positif du mois peut être mis sur un compte d’épargne ou utilisé pour rembourser une partie du montant de nos dettes dont le taux est le plus élevé (exemple : les crédits renouvelable) ;
- Déficitaire si les dépenses régulières D sont supérieures aux ressources régulières R : le déficit budgétaire du mois vient diminuer le montant de l’épargne – si elle existe – ou nécessite d’augmenter le recours au crédit ;
Point important : les dépenses courantes ne comprennent ni les dépenses exceptionnelles telles que l’achat ou les grosses réparations d’un logement, l’achat d’un véhicule ou autres, etc. qui coûteraient plus de 15 ou 20% des ressources mensuelles, ni les rentrées d’argent exceptionnelles – telles qu’un héritage – dont le montant global serait supérieur à 15% ou 20% des ressources d’un seul mois en rythme normal (Cette règle évite de déséquilibrer le budget pour tel ou tel mois déterminé, ce qui empêcherait ensuite toute possibilité de comparaison d’un mois sur l’autre ou d’une année sur l’autre. De tels investissements plus ou moins lourds, ou des rentrées d’argent exceptionnelles relèvent d’un traitement comptable différents, en lien direct avec l’état du patrimoine (voir explications dans notre texte sur les Ateliers Solidarité Budget – ASB).
- Le patrimoine est la valeur en euros, à une date donnée, de :
- Notre actif, c’est-à-dire de l’ensemble des biens que nous possédons en principe de façon stable (ex. un logement, une automobile, des meubles, des placements financiers, notre épargne, nos vêtements, etc.) …
- …dont on soustrait notre passif (c’est-à-dire l’ensemble de nos dettes).
Notre patrimoine net = notre actif – notre passif (évalués en euros)
Si nos dettes sont supérieures à la valeur de notre actif, notre patrimoine net est négatif.
A noter qu’on peut avoir : 1/Une situation budgétaire satisfaisante (des ressources régulières supérieures aux dépenses) et en même temps un patrimoine net négatif (des dettes supérieures à la valeur de nos actifs) ; 2/ Une situation inverse : un budget déficitaire mais un patrimoine net positif ; 3/ Un budget excédentaire et un patrimoine net positif ; 4/ Un budget déficitaire et un patrimoine net négatif
Pourquoi faire le diagnostic de votre situation financière ?
De nombreuses personnes n’ont qu’une connaissance imprécise et parfois confuse de leur situation financière. C’est notamment assez fréquent pour celles dont la situation financière est fragile, parce qu’elles craignent de découvrir qu’elle est franchement mauvaise (ce qui n’est pas nécessairement le cas !)
Faire le diagnostic de votre situation financière présente pour vous de nombreux avantages :
- Connaître le niveau et l’évolution de vos ressources et de vos dépenses, de votre épargne et de vos dettes, dans vos dépenses exceptionnelles à venir, et plus généralement y voir plus clair dans vos comportements à l’égard de l’argent.
- Jouir d’un plus grand sentiment de sécurité ;
- Découvrir des bonnes nouvelles que vous ne soupçonniez peut-être pas – si votre situation financière est meilleure que vous ne pensiez ;
- Prendre conscience de la dégradation de votre situation – si tel est le cas – et prendre plus rapidement des mesures de redressement qui agiront avant qu’il ne soit trop tard.
Deux remarques à ce sujet :
- Entre 10 et 15% des personnes résidant en France ont des difficultés financières plus ou moins graves. Passagère ou permanente, leur fragilité financière n’est donc pas un fait isolé et honteux, mais un phénomène de société redoutable dont les causes principales sont plus souvent économiques et sociales (la perte de son emploi, la régression du pouvoir d’achat, les accidents de la vie, etc.) que liées à chaque personne elle-même ;
- Si votre situation financière devient fragile ou très fragile, ne vous laissez pas submerger par des sentiments négatifs : le plus important pour vous est d’en évaluer le danger, d’en comprendre les causes et surtout de chercher à la redresser.
Quels sont les critères d’une « bonne » situation financière ?
Des critères objectifs
- Un budget durablement équilibré ou, mieux, durablement excédentaire ;
- Un patrimoine net positif ;
- Une épargne de sécurité d’au moins six mois de revenus ;
- Un endettement sain et maitrisé (pas de crédit renouvelable, un recours rare au compte débiteur) ;
- Des droits acquis à la retraite susceptibles d’assurer une pension suffisante.
Des critères complémentaires importants
- La capacité suffisante à « gagner de l’argent » par son travail (compétences, expérience, diplômes, réseau relationnel, confiance en soi, etc.) ;
- La capacité à – et la volonté de – gérer son budget de façon suffisamment rigoureuse ;
- La capacité à résister aux tentations de la société de consommation qui nous poussent à consommer au-delà de nos capacités financières ;
- Une relation à l’argent suffisamment saine, c’est-à-dire une vie relativement sage et bonne, pas (trop) d’addiction au jeu, pas (trop) de compulsion d’achat, etc. ;
- La capacité et la volonté de défendre ses intérêts vitaux et financiers face aux prédateurs de tout poil du monde socioéconomique ;
- Une santé satisfaisante ;Certains évènements familiaux attendus qui amélioreront cette situation (Ex. : la fin du remboursement du crédit immobilier ; l’accès prochain d’un enfant à l’autonomie économique) ;
- Certains facteurs favorables de l’environnement économique dans lequel on vit (Ex. : vivre dans une région riche et peu affectée par le chômage ;
- La possibilité, en cas de difficultés, de bénéficier du soutien (affectif, financier, de conseil) des institutions de travail social, de sa famille ou de ses amis proches.
Commentaires
- Une « bonne » situation financière est celle qui permet à une personne ou à une famille de vivre de façon digne et satisfaisante, et notamment de réaliser ses projets les plus importants, sans avoir d’angoisses fortes concernant l’évolution de ses ressources et de son patrimoine.
- Cette définition conduit à constater que certaines personnes ou familles n’ont malheureusement pas les moyens financiers de mener une bonne vie, qu’elles sont parfois en situation de survie, et qu’elles doivent faire valoir leurs droits sociaux pour subvenir à leurs besoins vitaux. Leur marge de manœuvre pour accéder à une bonne vie est généralement restreinte mais non nulle.
- Pour les autres personnes ou familles, la « bonne » situation financière qui leur permet de « bien » vivre peut varier considérablement car leurs besoins ou leurs désirs à satisfaire sont en grande partie différents.
- Gérer son budget consiste d’ailleurs à optimiser le rapport entre la qualité de vie qu’on voudrait mener et la capacité à se procurer les moyens financiers nécessaire pour accéder à cette vie.
- Une réflexion sur cette dernière question est d’ailleurs rarement conduite de manière formelle. Elle est de nature philosophique et devrait constituer la première étape d’une démarche d’apprentissage ou de perfectionnement de la gestion de son propre budget.