Un jeune homme pauvre vient d’arriver à Paris au cours des années 1850. De façon inespérée, il a trouvé une chambre à louer certes fort peu confortable, mais il exulte ! Jubilation de pouvoir, même avec peu d’argent, s’offrir le luxe d’avoir une chambre à soi. 80 ans plus tard, Virginia Woolf développera ce thème qui, sous une forme plus élégante, rencontrera une belle fortune littéraire et culturelle…
JE SUIS CHEZ MOI !
Ce cabinet est misérable, mais je n’ouvrirai cette porte qu’à qui il me plaira, je la fermerai au nez de qui je voudrai (…)
JE SUIS CHEZ MOI !
Je rôde là-dedans comme un ours, en frottant les murs…
JE SUIS CHEZ MOI !
Je le crierais ! Je suis forcé de mettre ma main sur ma bouche pour arrêter ce hurlement d’animal…
Il y a deux heures que je savoure cette émotion.
Je finis par m’étendre sur mon lit maigre, et par les carreaux fêlés je regarde le ciel, je l’emplis de mes rêves, j’y loge mes espoirs, je le raye de mes craintes ; il me semble que mon cœur – comme un oiseau- plane et bat dans l’espace.
Jules Vallès, Le bachelier, Gallimard, Classique Folio, Paris, 2019, p. 48
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