Personnage hors du commun, Benjamin Franklin (1706-1790) fut l’un des « pères » fondateurs des États-Unis d’Amérique. Commençant sa vie comme apprenti-imprimeur, puis jeune entrepreneur en Angleterre avant de revenir à Philadelphie comme imprimeur, promoteur de bibliothèques populaires, homme politique puis ambassadeur, signataire de la déclaration d’indépendance puis de la constitution américaine, il mène en parallèle une vie de scientifique et d’inventeur compulsif avant, à la fin de sa vie, de militer activement contre l’esclavage.
Souviens-toi que le temps, c’est de l’argent. Celui qui pourrait gagner dix shillings par jour en travaillant, mais se promène ou reste dans sa chambre à paresser durant la moitié de sa journée, même si ses plaisirs ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, ou plutôt jeté, les cinq shillings qu’il n’a pas gagnés (…)
Souviens-toi que la puissance génitale et la fécondité appartiennent à l’argent. L’argent engendre l’argent et ses rejetons en engendrent, et ainsi de suite. Cinq shillings qui travaillent en font six, puis se transforment en sept shillings et trois pence, etc. jusqu’à devenir cent livres…
Celui qui tue une truie en anéantit la descendance jusqu’à la centième génération. Celui qui assassine une pièce de cinq shillings, détruit tout ce qu’elle aurait pu produire, peut-être des vingtaines de livres sterling.
Benjamin Franklin, Vie de Benjamin Franklin écrite par lui-même, tome 1, 1748
Ça me fait penser à la fable de La Fontaine Le Laboureur et ses enfants. Le lien entre le travail (indispensable à l’homme en dehors de toute rémunération) et l’argent est aujourd’hui assez perverti et les géants de la finance ont bien retenu la leçon de Benjamin Franklin. Les pièces de 20 shillings ont fait beaucoup de petits cochons…
Il a raison dans le monde financier et capitaliste dans lequel nous vivons. Mais j’aurais bien envie de vivre dans un autre monde…